L’école française « assume sa mission » d’enseignement de la Shoah, mais les attentats parisiens « nous invitent à assumer cette responsabilité avec encore plus de détermination », a estimé lundi Najat Vallaud-Belkacem.

A la veille du 70e anniversaire de la libération d’Auschwitz, la ministre de l’Education nationale a évoqué « une responsabilité toute particulière envers les victimes de la Shoah » qui « augmente au fur et mesure » que « les voix des témoins s’éteignent ».

Elle s’exprimait aux côtés du chasseur de nazis Serge Klarsfeld, lors de la présentation d’outils pédagogiques pour aider les professeurs du secondaire à enseigner la Shoah, édités par Canopé, organisme chargé de créer et diffuser ces documents.

Ce « projet transmedia » comporte une réédition de l' »Album d’Auschwitz » (album de photos trouvé par l’ancienne déportée Lili Jacob), un DVD avec le documentaire de Blanche Finger et William Karel « Album(s) d’Auschwitz », avec des droits libérés pour l’enseignement, ainsi qu’un web-documentaire, « Les deux albums d’Auschwitz », qui s’appuie aussi sur des photos montrant la vie quotidienne des SS à Auschwitz. Le web-documentaire, qui situe les photographies dans leur contexte, dans une chronologie et géographiquement dans le camp, sera accessible dès mardi sur http://www.reseau-canope.fr/les-2-albums-auschwitz. Il peut être utilisé en troisième, première et terminale.

« Notre responsabilité, c’est d’enseigner à la jeunesse » ce « que représente dans l’histoire de notre pays la plus vaste histoire génocidaire de tous les temps », « d’étudier pour que l’indifférence ne l’emporte pas et qu’elle ne vienne pas altérer la mémoire », de « doter l’école » des « outils » demandés par les enseignants, a expliqué la ministre.

Les enseignants sont aussi confrontés au « relativisme, la perte de repères » de certains élèves. « Il y a peut-être eu une époque où il suffisait de leur transmettre un savoir pour qu’ils l’absorbent », mais aujourd’hui, « tout est contesté », « les informations sont tellement nombreuses, il faut les trier ».

Pour Serge Klarsfeld, l’Album d’Auschwitz est « le seul document qui montre la Shoah », dans « ce qu’elle avait de programmé, de systématique, l’arrivée d’un ou plusieurs convois de juifs dans un camp d’extermination, où les gens » sur les photos « ne savent pas encore quel sort leur sera promis et comment cela fonctionne techniquement, comment on sélectionne les gens, les uns vers la chambre à gaz, les autres vers un travail forcé ».