Rosetta probe and comet 67P Churyumov-Gerasimenko - Elements of this image furnished by NASA

Rosetta probe and comet 67P Churyumov-Gerasimenko – Elements of this image furnished by NASA

Il pourrait s’agir d’une très importante découverte scientifique. Cinq mois après la mise en orbite de la sonde Rosetta autour de la comète Tchouri (Churyumov-Gerasimenko), un instrument de mesure a détecté un groupement chimique propre aux acides aminés – les premières « briques » moléculaires du vivant.

Composé de deux spectromètres capables de mesurer la lumière du Soleil réfléchie par la comète, VIRTIS (Visible, Infrared and Thermal Imaging Spectrometer) a ainsi pu déterminer le type de molécules présentes à la surface de Tchouri.

« Y a-t-il les briques indispensables à l’apparition de la vie sur la comète Tchouri ? Ce n’est pas encore un certitude mais les indices allant dans ce sens s’accumulent », constate Sciences et Avenir.

Sur les traces des « briques du vivant »

Dans Science, des chercheurs du CNRS, de l’INAF (Institut National d’Astrophysique italien), de l’ESA (Agence spatiale européenne) et d’universités américaines, allemandes, britanniques ou encore polonaises, ont décrit en détail les données collectées par VIRTIS. Selon les scientifiques, ses mesures de spectroscopie « indiquent la présence de divers matériaux contenant des liaisons carbone-hydrogène et/ou oxygène-hydrogène ».

Selon l’astrophysicienne Dominique Bockelée-Morvan, du Laboratoire d’Etudes Spatiales et d’Instrumentation en Astrophysique (LESIA) du CNRS, citée par Sciences et Avenir, « VIRTIS a probablement repéré la signature caractéristique d’un groupement chimique appelé ‘carboxyle’ (de formule COOH) ou de produits dérivés. Or, on retrouve ce groupement chimique dans les acides aminés ».

model of serine © itay uri - Fotolia

model of serine © itay uri – Fotolia

Les données collectées par l’instrument de mesure ont permis de cartographier la répartition des molécules organiques sur Tchouri. « Cette répartition assez homogène laisse supposer que ces composés organiques font partie de la composition intrinsèque de la comète, et qu’ils étaient présents lors de sa formation initiale, dans le système solaire primitif, il y a plus de 4 milliards d’années », ajoute la chercheuse.

Les acides aminés sont de petites molécules organiques ayant permis, par leur assemblage, l’émergence des premiers êtres vivants. Sur le plan chimique, elles comprennent une fonction acide, ou groupement carboxyle (COOH), et une fonction amine (NH2). Or, « la liaison azote-hydrogène (N-H) n’a pas été détectée à l’heure actuelle », écrivent les chercheurs du CNRS. « Cette dernière est en effet difficile à voir dans l’infrarouge », indique de son côté Sciences et Avenir.

Les scientifiques continuent à chercher. S’ils détectaient des groupements NH2, il s’agirait d’une petite révolution dans le monde de la recherche astrophysique – cela permettrait aux chercheurs de remonter aux sources de la vie, qui se trouvait peut être dans l’espace, aux débuts du système solaire.