Une référence de Manuel Valls mardi à un « apartheid territorial, social, ethnique » qui se serait « imposé » en France a suscité de vives critiques politiques mais également de la part des éditorialistes pour qui le Premier ministre est « allé trop loin ».

« En parlant +d’apartheid+ pour qualifier la situation des quartiers difficiles, le Premier ministre est allé trop loin, il y a une limite à ne pas franchir », assène d’entrée, Hervé Favre dans la Voix du Nord.

Une opinion partagée par Yann Marec du Midi Libre qui voit lui, « une erreur profonde de la part du leader du gouvernement » et rappelle qu' »en France, il y a encore des mots qui font sens. L’apartheid en fait partie. Il est clivant. Inadapté. Et surtout improductif. »

« Le mot est lourd. Il est fort. Il est choquant », martèle Philippe Waucampt, dans le Républicain lorrain. « Les termes (apartheid territorial, social, ethnique, ndlr) employés ont quelque chose de déplacé (…) Une interprétation aux antipodes du modèle républicain français », juge-t-il.

Des « mots terribles. Des mots d’une rare violence », renchérit Bernard Stéphan, dans La Montagne.

« Valls chasse le déni partout où il se cache quitte à se mélanger les crayons dans le choix du calibre », note Jean-Louis Hervois, pour la Charente Libre.

« Manuel Valls se voit en Nelson Mandela français, confronté à +l’apartheid+ des banlieues », estime Raymond Couraud (L’Alsace). Pour Stéphane Siret (Paris-Normandie), Manuels Valls, « sans être le choc des photos, c’est le poids des mots. » Puis plus sérieusement, il avoue que le Premier ministre, quitte à choquer, une fois de plus (…) n’y est pas allé dans la demi-mesure. »

Pour Didier Rose, des Dernières Nouvelles d’Alsace, « la formule de Manuel Valls surprend » car fait-il remarquer « depuis les attentats, François Hollande n’a eu de cesse d’invoquer l’union nationale. »

« On ne peut pas lui reprocher d’être un pur opportuniste », relève David Guévart du Courrier Picard.

« Manuel Valls a voulu surjouer, hier, un élan de sincérité », observe de son côté Jean-Emmanuel Ducoin, dans L’Humanité.

Si Philippe Waucampt (Républicain lorrain) a trouvé le terme apartheid « fort, choquant », il « doit se lire comme un signal adressé à ceux qui se sentent en marge d’un pays se complaisant à les ignorer », conclut l’éditorialiste.