Une « jungle » « compliquée », « impitoyable » et « difficile »: les 15-20 ans jugent sévèrement le monde de l’entreprise qui n’aura pas d’autres choix que de s’adapter à leurs attentes, selon une étude du cabinet de conseil The Boson Project.

Comme la « génération Y » (née dans les années 80 et 90), la « génération Z » (ceux qui sont nés après 1995), « hyper connectée » « veut profiter à fond du présent au niveau perso(nnel), comme au niveau pro(fessionnel) », souligne cette étude présentée mardi et menée avec la banque BNP Paribas qui voulait saisir les attentes de ces jeunes.

Conduite sur les réseaux sociaux, cette enquête compile les avis de 3.200 jeunes gens partout en France sur l’entreprise et le monde professionnel.

Les images négatives spontanément citées pour décrire l’entreprise par une écrasante majorité de répondants se conjuguent à un sentiment de stress à l’évocation du mot pour 36% d’entre eux.

« L’image de l’entreprise que la société véhicule aujourd’hui est très noire », estime Emmanuelle Duez, fondatrice du cabinet Boson Project.

Pourtant, près de la moitié (47%) des jeunes qui ont répondu aimeraient créer leur propre entreprise, ce qui montre selon l’étude qu’ils ne se reconnaissent pas dans les modèles d’aujourd’hui.

Sans surprise, la grande majorité des jeunes (84,5%) interrogés choisiront leur métier par passion et non par raison. Ils sont en outre très nombreux (68,5%) à se voir travailler à l’étranger.

Pour cette génération, la clé de la réussite passe par le bon réseau (40%), loin devant le CV (26%) ou le diplôme (24%).

Ce manque de considération pour les diplômes ne surprend pas Nicolas Sadirac, directeur général de l’école d’informatique 42, qui retrouve dans l’étude le profil de ses élèves.

« Les diplômes ne sont plus du tout en adéquation avec le monde de l’entreprise », a-t-il estimé lors de la présentation de cette enquête.

Selon lui, les écoles traditionnelles produisent des profils trop formatés alors que les entreprises sont en quête de nouveauté et de diversité dans les profils de leurs futures recrues.

Pour le cabinet de conseil, les 15-20 ans poursuivront à leur arrivée dans le monde du travail le basculement amorcé par la génération Y: moins engagés dans l’entreprise, ils partent plus tôt du travail et estiment rendre service à leur employeur en mettant leur talent à sa disposition.

« Avec les départs à la retraite massifs des baby-boomers, c’est l’entreprise qui va devoir s’adapter à cette nouvelle conception et pas l’inverse », prédit Emmanuelle Duez.

Pour Isabelle Sachot-Moirez, responsable du recrutement chez BNP Paribas, « l’entreprise a déjà commencé à changer sous l’influence de la génération Y ».

Ainsi la banque a-t-elle signé récemment une charte « pour l’équilibre des temps de vie », qui vise à maintenir la journée de travail entre 9H00 et 18H00.

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