Quelque 200 enseignants ont manifesté mardi à Mulhouse pour soutenir un collègue suspendu pour un incident avec des collégiens, après leur avoir montré des caricatures de Mahomet, au lendemain de l’attentat contre Charlie Hebdo.

Dans l’établissement concerné, situé dans une Zone d’éducation prioritaire (ZEP) de Mulhouse, « seulement 3 enseignants sur 60 ont fait cours aujourd’hui », a dit à l’AFP Elise Peter, secrétaire départemental du syndicat SNES.

« Il y a beaucoup d’émotion et d’indignation des collègues: chacun se dit que ça aurait pu lui arriver », a-t-elle ajouté, indiquant qu’un appel intersyndical à la grève avait été lancé pour toute l’académie pour la journée de vendredi.

Le rassemblement de mardi devant la sous-préfecture a réuni entre 150 personnes, selon la police, et 250 personnes, selon les syndicats. D’autres sont prévus vendredi à Mulhouse et Strasbourg.

La suspension d’un professeur d’arts plastiques du collège François Villon, pour une durée de quatre mois, a été décidée dans un « souci d’apaisement », avait fait valoir le recteur d’académie jeudi.

Selon les éléments recueillis par le rectorat, l’enseignant aurait présenté « sans discernement et sans explication » des caricatures de Mahomet, dont une présentant le prophète nu, suscitant la gêne de certains élèves.

« Tu regardes ça et après tu peux sortir ta kalachnikov », aurait-il lancé à l’un d’entre eux, suscitant un échange « houleux » et « violent » avec des élèves, a ajouté le rectorat. Ce dernier assure que ce n’est pas le fait d’avoir montré des caricatures qui pose problème, mais la manière dont cela a été fait.

L’enseignant visé a contesté de son côté cette version des faits. Seulement deux élèves ont manifesté « durant le cours leur mécontentement » et « à aucun moment le climat de la classe ne dérape », a-t-il notamment fait valoir dans un courrier à des médias locaux.

Plusieurs syndicats ont demandé l’annulation de la mesure de suspension. Dans une lettre ouverte, la FSU 68 a demandé mardi à la ministre de l’Education « d’intervenir d’urgence pour mettre fin à la campagne de calomnies dont notre collègue est victime et de le rétablir d’urgence dans ses fonctions et de le réhabiliter ».

Une pétition en ligne, lancée lundi par le Snes-FSU 68, avait réuni plus 2.000 signatures mardi soir. Le texte critique notamment « l’attitude irresponsable du rectorat », qui, « sous la pression de quelques parents », « a transformé un incident mineur, qui n’aurait jamais dû sortir du cadre de l’établissement, en affaire nationale, et livré cet enseignant à un lynchage médiatique ».