Un centre de formation professionnelle de Bobigny (Seine-Saint-Denis) a suspendu une enseignante qui remettait en cause la réalité des attentats de Paris, lors d’un débat avec ses élèves de bac pro, a-t-on appris vendredi auprès de sa direction.
Lundi, au cours d’un débat avec les 16 élèves de sa classe de bac pro commerce, dont l’une l’enregistrait à son insu, elle évoque notamment le « soi-disant flic qui a été tué », en parlant d’Ahmed Merabet, le policier abattu par les frères Kouachi après l’attaque contre Charlie Hebdo.
Dans cet enregistrement, révélé par Le Monde et que l’AFP a pu consulter, elle s’étonne également que les jihadistes aient laissé « quand même des empreintes », alors qu’ils ont « mis des gants et une cagoule ».
Pendant ce débat de plus d’une heure, lorsque ses élèves affirment que les attentats ont été « montés » afin de « pervertir la religion musulmane parce que c’est la seule qui a gardé un peu toutes ses valeurs », l’enseignante ne les contredit pas, soulignant que l’islam « dérange ».
Elle défend ensuite « le prophète », affirmant que Mahomet, comme « Moïse, comme Jésus Christ, comme Abraham, c’étaient des bels (sic) hommes, bien foutus. Mahomet, c’était pas le mec qui s’empiffrait avec un gros ventre, c’est pas vrai, il avait une super gueule ».
Au cours d’un échange confus avec plusieurs élèves, dont plusieurs tentent de justifier les attentats, elle ajoute: « Vous pouvez vous battre pour deux raisons: tu peux tuer quelqu’un pour défendre ta religion, ça c’est vrai, et tu peux tuer quelqu’un pour ta famille ».
Patrick Toulmet, le président de ce Campus des métiers et de l’entreprise, s’est dit « outré » et « peiné » par ces propos qu’il a qualifié de « stupides » et « irresponsables ».
Quand les faits ont été connus – sur signalement au rectorat de la mère de l’élève qui a enregistré la discussion -, Patrick Toulmet a convoqué l’enseignante jeudi, avant d’être lui-même convoqué au commissariat.
L’enseignante a nié, avant d’apprendre qu’elle avait été enregistrée et d’expliquer qu’elle ne faisait que « reprendre des propos lus sur internet », a-t-il précisé. Cette femme « d’une quarantaine d’années » en CDI depuis environ sept ans dans l’établissement a été mise à pied en attendant un conseil de discipline, a-t-il ajouté.
M. Toulmet assure que « les bras (lui) en sont tombés », s’agissant d’une enseignante « sympa » et « sans problème particulier ».
Outre cette affaire, « aucun autre incident grave » lié aux attentats n’a été recensé dans cet établissement, qui accueille quelque 1.500 élèves de 16 à 25 ans, selon M. Toulmet, qui préside par ailleurs la Chambre des métiers locale, l’organisme de tutelle.
Contactée par Le Monde, qui a révélé l’affaire, l’enseignante a estimé que sa mise à pied était « honteuse » et assuré n’avoir « tenu aucun propos déplacé ».
Une enquête judiciaire a été ouverte, confiée à la Sûreté territoriale de la Seine-Saint-Denis, qui devait notamment entendre l’enseignante.
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