Un professeur d’un collège de Mulhouse (Haut-Rhin) a été suspendu par l’académie de Strasbourg après un échange violent avec ses élèves au sujet des caricatures de Charlie Hebdo, au lendemain de l’attentat contre l’hebdomadaire satirique, a-t-on appris jeudi auprès du rectorat.
Ce professeur d’arts plastiques a été suspendu pour une durée de quatre mois « dans un souci d’apaisement » et une enquête administrative a été ouverte, a-t-on indiqué de même source, confirmant des informations du journal Le Monde.
L’incident entre ce professeur d’un collège de ZEP et ses élèves d’une classe de 4e s’est produit le 8 janvier.
Selon les éléments recueillis, l’enseignant aurait présenté « sans discernement et sans explication », selon le recteur d’académie Jacques-Pierre Gougeon, des caricatures de Mahomet, dont une présentant le prophète nu.
« Tu regardes ça et après tu peux sortir ta kalachnikov pour m’assassiner », aurait-il lancé à un élève qui se montrait gêné par le dessin.
Il s’en serait alors suivi un échange « houleux » et « violent » avec des élèves, a précisé le rectorat.
Une vingtaine d’élèves se sont plaints immédiatement auprès du chef d’établissement. Alerté le lundi, alors que parents menaçaient de se rassembler devant le collège, le rectorat a alors décidé de suspendre le professeur.
« Il faut défendre les valeurs républicaines », a rappelé M. Gougeon. « De nombreux professeurs l’ont fait en montrant le même jour des caricatures et des dessins. Mais cela doit se faire dans une démarche pédagogique », a rappelé le recteur qui souhaite « pacifier » la situation.
La mesure de suspension vise à « protéger l’enseignant, les élèves, les parents et les collègues du professeur (…) le temps de mener l’enquête administrative », selon le rectorat, qui justifie cette décision par l’existence d’un risque que la situation « dégénère ».
Les faits décrits par les élèves mettent en cause « un professeur extrêmement engagé, très bien noté par l’inspection académique, qui exerce depuis 12 ans dans ce collège classé ZEP », a rappelé le rectorat.
Selon le rectorat, l’enseignant a reconnu que « la séance s’est mal passée ». « Il ne conteste pas ce qui a été remonté au niveau des élèves », a-t-on ajouté.
« La suspension valable pour quatre mois ne présume en rien de la gravité des faits », rappelle le rectorat qui souhaite laisser à l’enseignant le temps de présenter « sa version des faits » pour évaluer la situation.
Des syndicats d’enseignants ont témoigné jeudi leur soutien à leur collègue.
« Cet enseignant n’a fait que son métier, en travaillant avec ses élèves sur les caricatures », a estimé le FSU dans un communiqué, en demandant l’annulation de cette « mesure de suspension totalement arbitraire » décidée « sur la seule foi de témoignages d’élèves ».
Le SNES-FSU qui dénonce une procédure décidée « dans la précipitation » estime qu’une simple mesure d’éloignement aurait été « plus appropriée ».
« L’institution donne ainsi un mauvais signe aux enseignants qui ont le courage de défendre les valeurs de la République », a ajouté le syndicat.
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