La directrice de l’école d’infirmiers parisienne dans laquelle étudie Farid Benyettou, l’ancien « émir » de la filière jihadiste des Buttes-Chaumont, lié aux frères Kouachi, a appris son passé peu après son inscription en 2012 en regardant un reportage télévisé, a-t-elle annoncé lundi.
Véronique Marin la Meslée, directrice de l’Institut de formation en soins infirmiers (Ifsi) de la Pitié-Salpêtrière à Paris (AP-HP), a découvert le passé de Farid Benyettou « en regardant un reportage sur Envoyé spécial qui faisait état d’une organisation incitant au jihad au sein du territoire français », a-t-elle dit à la presse.
La directrice a précisé qu’elle avait visionné le reportage « en mars 2012 », quelques semaines après l’entrée de Farid Benyettou à l’Ifsi de la Pitié-Salpêtrière. La formation de Farid Benyettou a commencé le 6 février 2012, selon l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), dont dépend l’établissement.
« Cette personne, après avoir réussi son bac, a été reçue au concours d’infirmier en 2011. Pour rentrer dans une école d’infirmier il n’y a pas de vérification du casier judiciaire réglementairement qui soit demandée », a rappelé lundi le directeur général de l’AP-HP, Martin Hirsch.
Après avoir reconnu l’étudiant dans un reportage, « au début de sa scolarité, la directrice de l’Ifsi (…) a prévenu à l’époque le cabinet de ma prédécesseure (Mireille Faugère, ndlr), elle s’est mise spontanément en lien avec les autorités de police qui nous ont dit qu’il était connu des services, surveillé par leurs services, et il a été convenu que l’on ferait un point si des choses anormales se passaient », a détaillé M. Hirsch.
« Il ne s’est rien passé d’anormal, entre guillemets, jusqu’à la semaine dernière » où la directrice a découvert par les médias le lien entre Farid Benyettou et les frères Kouachi, auteurs de l’attentat contre Charlie Hebdo.
L’AP-HP a pris la décision de suspendre le stage de l’étudiant et de ne plus le maintenir dans un service de soins, sans remettre en cause la validité de sa formation.
Il pourra obtenir son diplôme d’état, s’il réussit ses dernières épreuves, mais ne pourra pas travailler dans un établissement de l’AP-HP, a précisé M.Hirsch, son casier judiciaire lui fermant la porte de la fonction publique.
Véronique Marin La Meslée s’est quant à elle inquiétée « pour la protection de cet étudiant » qui va être soumis « à de fortes pressions, et dont l’avenir professionnel est sans doute fortement compromis ».
« Plutôt apprécié pour ses qualités humaines », « reçu 63e sur 800 » candidats au concours d’infirmier, Farid Benyettou a selon elle « présenté ses condoléances lors de la minute de silence » respectée par les personnels de l’AP-HP jeudi.
La communauté médicale n’était pas au courant de son passé, mis à part quelques « camarades de promo » à qui il avait choisi de se confier, selon Mme Marin La Meslée.
Selon Martin Hirsch, la préfecture de police « a confirmé qu’il (Farid Benyettou) était toujours sous surveillance ».
Dimanche, la presse avait révélé que Farid Benyettou avait effectué un stage infirmier à la Pitié-Salpêtrière, où sont arrivés certains blessés de Charlie Hebdo. Mais « aucun blessé » n’a été en contact avec l’élève, avait affirmé M. Hirsch.
Cherif Kouachi, tué vendredi par les forces de police après l’attentat contre Charlie Hebdo, avait fait partie de « la filière des Buttes-Chaumont », qui sous l’autorité de Farid Benyettou, visait à envoyer des jihadistes en Irak dans les rangs de la branche irakienne d’Al-Qaïda. Farid Benyettou avait été condamné en 2008 à six ans de prison dont quatre ans de sûreté.
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