Les deux principales mutuelles françaises, la MGEN (Mutuelle de l’éducation nationale) et Harmonie Mutuelle, qui couvrent à elles deux 8,2 millions de personnes, ont annoncé lundi leur intention de se rapprocher pour créer « un grand groupe mutualiste ».

Les deux dirigeants Joseph Deniaud (Harmonie Mutuelle) et Thierry Beaudet (MGEN) expliquent que dans un environnement « toujours plus réglementé » avec « des pressions sur les tarifs », leurs groupes souhaitent s’unir pour agir sur « la hausse du reste à charge » dans les dépenses de santé et le « renoncement aux soins ».

Ils ont signé lundi une lettre d’intention ouvrant des discussions exclusives pendant six mois. Ils se donnent « le premier semestre pour faire aboutir le groupe » dont l' »ambition est d’agir sur le système de santé et pas seulement sur ses financeurs », a expliqué M. Deniaud devant la presse.

« Le but est d’améliorer la qualité des services », a renchéri M. Beaudet.

Harmonie Mutuelle, qui compte 4,5 millions de personnes protégées et 4.600 collaborateurs, est spécialisée dans le secteur privé, en particulier des indépendants. La moitié de ses contrats consiste en contrats individuels, l’autre collectifs. De son côté, la MGEN, qui affiche 3,7 millions d’assurés, est ancrée dans la fonction publique. Harmonie Mutuelle a été créée en 2012 à la suite d’une fusion de cinq mutuelles interprofessionnelles (Prévadiès, Harmonie mutualité, Mutuelle existence, Santévie et Sphéria Val de France).

« Un certain nombre d’acteurs voudraient nous reléguer à un rôle de payeurs aveugles chargés de solvabiliser ». Or, « le sujet n’est pas seulement de rembourser nos adhérents dans le système de santé, nous voulons les accompagner dans l’organisation du parcours de soin », a expliqué Thierry Beaudet.

Selon lui, le groupe pourrait concerner « 11,5 millions de personnes protégées » en comptant l’ensemble des unions mutualistes nouées par les deux groupes.

Le futur groupe pourra passer des accords avec les prestataires et les professionnels de santé, et développer des réseaux nouveaux. Des investissements communs pourront être réalisés notamment pour le développement numérique mais chaque entité gardera son identité propre. « Nous mutuelles continueront à faire leur métier vis-à-vis de leurs adhérents en propre », a indiqué M. Deniaud.

Dans le cadre de la généralisation de complémentaires santé obligatoire en entreprise, à compter de 2016, « il faut être en capacité d’accompagner les contrats » et d’apporter des « plus-values qui nécessitent des investissements très importants ». « Sur ce terrain-là, nous ferons des choses ensemble », a-t-il illustré.

Sur la question des effectifs, « il y aura naturellement des évolutions mais au stade où nous en sommes, il n’y a pas d’impact sur l’emploi », a-t-il par ailleurs garanti, rappelant que le rapprochement des groupes « n’était pas un rapprochement de repli » mais « un rapprochement de développement ».

Les deux responsables ne sont pas prononcés sur le statut juridique qu’aura ce nouveau groupe.