Najat Vallaud-Belkacem a consulté lundi les syndicats de l’éducation, les fédérations de parents et les lycéens à propos des valeurs de la République, après les attentats qui ont endeuillé la France la semaine dernière.

Les syndicats (FSU, Unsa, Sgen-CFDT, Snalc) ont exprimé les besoins d’accompagnement des personnels mais aussi de formation continue, tandis que les parents d’élèves (FCPE, Peep, Apel) ont dit leur volonté d’être associés ou de donner des espaces de parole aux élèves, ont expliqué les différents acteurs au ministère.

Les organisations lycéennes (SGL, UNL, FIDL) ont annoncé qu’elles allaient lancer un site internet animé par des dessins et des initiatives lycéennes pour « lutter contre la théorie du complot ».

La ministre de l’Éducation nationale, qui veut promouvoir une « grande mobilisation de l’école pour les valeurs de la République », devait aussi recevoir les organisations étudiantes et les syndicats de l’enseignement supérieur. Dès mercredi soir, elle avait invité les enseignants à répondre favorablement aux demandes d’expression en classe.

« On était dans l’urgence, on a fait les choses rapidement », a dit Valérie Marty de la Peep. Maintenant, « les parents veulent savoir ce que les enseignants disent », « on a envie de participer à ces discussions », a-t-elle dit demandant de la « transparence ». Pour David Dumont de la FCPE, il faut « créer des espaces de discussion, de dialogue ».

Les événements récents « ont amené beaucoup d’interrogations dans les écoles », a indiqué Laurent Escure de l’Unsa Education, évoquant des incidents « heureusement très minoritaires au moment de la minute de silence », moins nombreux que lors de l’affaire Merah.

« Le pire, c’est quand les élèves s’enferment dans un silence, qu’ils pensent que l’école, les valeurs de la République ne sont pas faites pour eux. C’est dramatique parce qu’on ne repère pas ces élèves qui sont peut-être en fragilité et qui peuvent par la suite se faire manipuler ».

Dans beaucoup d’endroits, « les choses se passent très bien, il ne faut pas envoyer l’idée d’une école à la dérive », a souligné Bernadette Groison de la FSU. Pour elle, « il faut aider les personnels à trouver les mots ». Elle a salué la mise en ligne réactive par le ministère de ressources pédagogiques, mais cela ne suffira pas.

« Tout le monde s’est senti démuni face à la cruauté de l’attentat », a indiqué Frédéric Sève du Sgen-CFDT, pour qui « il n’y a pas de ressource (pédagogique) magique ».

Pour Sébastien Sihr du SNUipp-FSU, la refonte de l’éducation prioritaire à la rentrée 2015 ne devra pas être « un plan à l’eau tiède », il faudra faire « un vrai travail sur la mixité sociale ».

L’école n »‘est pas responsable de ce qui s’est passé », a estimé François Portzer, président du Snalc, dont un des adhérents a enseigné aux frères Kouachi, décrits comme des élèves dynamiques et volontaires.

« L’établissement ne doit plus être perçu uniquement comme un lieu d’études, mais également comme un lieu de vie, citoyen, républicain, émancipateur », a fait valoir Eliot Nouaille, du Syndical général des lycéens (SGL). Il faut selon lui « remettre au coeur des établissements les débats sur l’actualité ».

La Fidl a elle annoncé le lancement mardi d’une marche lycéenne de Bordeaux à Paris « pour l’unité, la liberté et le vivre-ensemble ».