Sunset in Paris © fagat - Fotolia

Sunset in Paris © fagat – Fotolia

Les PM 10, ou particules fines, sont des particules en suspension dans l’atmosphère, dont le diamètre est inférieur à 10 microns.  Selon l’Institut de veille sanitaire (InVS), elles constituent un facteur de mortalité à court terme dans les grandes villes. « La mortalité journalière augmente de 0,51 % pour chaque hausse de 10 microgrammes (µg) de PM 10 par mètre cube d’air », indiquent les épidémiologistes chargés de l’étude de l’InVS (mise en ligne par Les Echos).

Les chercheurs ont étudié l’impact de la pollution de l’air sur les décès dans 17 villes françaises. A chaque fois, ils ont constaté un risque de décès « non accidentel » accru, lorsque l’atmosphère est chargée de PM 10. Ce risque augmente ainsi de 0,5% dans les 5 jours suivant l’exposition aux particules fines – 1,04% chez les personnes âgées souffrant déjà de pathologies cardiovasculaires ou respiratoires.

L’été, la mortalité non accidentelle est plus forte que l’hiver. « En été, les effets de la chaleur et de la pollution se combinent pour augmenter le risque de mortalité », notent les chercheurs.  Et même quand la concentration de particules fines dans l’air est inférieure au seuil toléré par la réglementation européenne (40 µg par m³ d’air), l’impact à court terme sur la mortalité est réel, écrit l’InVS dans son étude.

100 000 décès et 725 000 ans de vie perdues

Ce constat conforte d’autres études ultérieures. Entre 2000 et 2006, l’InVS avait déjà conclu à une hausse de la mortalité non accidentelle liée aux particules fines, à raison de 250 décès et de 1.000 hospitalisations supplémentaires par an.

Selon une enquête de l’International Institute for Applied Systems Analysis (IIASA), menée en 2005 pour la Commission européenne, les particules fines sont, tous les ans en Europe, à l’origine de 100 000 décès et 725 000 années de vie perdues. En France, les particules fines seraient responsables de 600 à 1000 décès par cancer du poumon.

D’après une autre étude, menée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en 2013, « plus de 80 % des Européens sont exposés à des niveaux de particules supérieurs à ceux préconisés par les lignes directrices sur la qualité de l’air émises en 2005. Cette exposition prive en moyenne chaque individu de 8,6 mois de sa vie ». D’autres études de l’OMS démontrent un lien entre les PM 10, les maladies respiratoires chez l’enfant, le diabète, ou encore les maladies cardiovasculaires.

Selon l’étude Aphekom, coordonnée par l’InVS et Université d’Umeå (Suède) en 2011, à l’âge de 30 ans, un Parisien a perdu en moyenne 5,8 mois d’espérance de vie à cause de la pollution, un Marseillais 7,5 mois et un Lyonnais 5,7.

Mais la pollution aux particules fines ne concerne pas que les zones « urbaines » : le 2 janvier, une alerte a ainsi été déclenchée en Haute-Savoie, dans la vallée de l’Arve. Ces fortes émissions de particules fines (le taux par m³ dépassait 50 µg)  sont liées, selon Air Rhône-Alpes, qui a demandé l’arrêt des feux de cheminée, « au chauffage au bois individuel et à des conditions atmosphériques propices à l’accumulation des polluants ».

« Tabagisme passif »

Pourquoi les particules fines sont-elles si nocives ? Parce qu’elles sont suffisamment petites pour s’infiltrer en profondeur dans les poumons, traversant même les masques en papier.

Une étude menée à Paris (zone parmi les plus polluées) par le CNRS, compare l’exposition aux PM 10 au « tabagisme passif ». Le 13 décembre 2013, lors d’un pic de pollution, 6 millions de ces particules flottaient dans l’air parisien. « C’est l’équivalent de la teneur en particules dans une pièce de 20 m² ou se trouvent huit fumeurs« , expliquait alors Jean-Baptiste Renard, directeur de recherche au CNRS, au Parisien. « Ces particules vont passer dans le sang, qu’elles soient issues du tabac, de la pollution ou d’un steack trop cuit », indiquait-il encore à francetv info.

Face aux particules fines, que faire ? Pour le docteur Patrice Halimi, porte-parole de l’Association santé environnement France (ASEF), « cela se joue au quotidien, car la pollution que vous respirez tous les jours, de façon chronique, est aussi nocive que celle des pics« . Ainsi « face à la pollution atmosphérique, les solutions les plus efficaces sont surtout collectives », indique-t-il au site Génération Responsable.

« A part consulter les publications d’Airparif, éviter de sortir, partir s’aérer dans un lieu moins pollué ou déménager, ce qui n’est pas donné à tout le monde, vous ne pourrez pas vous protéger réellement au quotidien. Il faut donc agir au niveau global, sur la façon dont nous nous déplaçons au sein de nos villes : réduire les voitures, privilégier les transports en commun… et aussi éviter d’installer des crèches ou des écoles près des axes routiers ! », ajoute le médecin.