Comment sont nés les Gilets Jaunes et quelles sont leurs revendications ?
Tout est parti de la commune de Ris-Orangis, quand la réforme des rythmes scolaires a été mise en place. Les 3 premiers mois ont été un vrai fiasco ! Il n’y avait pas le bon nombre d’animateurs, des enfants se sont retrouvés à la rue, d’autres ont fait des crises d’asthmes, les animateurs n’ayant pas les PAI. Avec plusieurs délégués de parents d’élèves, nous avons lancé une pétition pour demander l’arrêt de la réforme, et avons décidé d’aller à chaque entrée et sortie d’école avec un gilet jaune tant que l’insécurité régnerait sur la commune.
Les parents ont ensuite fait un blog pour parler de l’opération Gilets Jaunes et lancer un appel aux communes qui avaient fait passer la réforme. Là, ça a pris une ampleur incroyable, de nombreux parents ont pris contact avec nous pour faire part de leurs problèmes. De fil en aiguilles, une association a été créée officiellement, l’AGJ, qui regroupe toutes ces personnes. C’est un mouvement national, hors fédération de parents d’élèves. Nous avons le soutien des enseignants, des ATSEM, des animateurs et même des élus, de tout bord. Il n’y a donc aucune récupération politique dans notre mouvement.
La semaine de 4 jours ne faisait pas consensus, pourquoi selon vous la réforme Peillon est-elle si mal accueillie ?
La première chose qu’il faut comprendre, c’est qu’elle n’a pas été pensée avec la réalité du terrain. Rajouter ½ journée aux enfants et dire que le reste de la semaine est allégé, c’est faux. Les enfants qui vont au centre aéré le matin, à l’étude le soir, et au centre aéré le mercredi après-midi sont en surcharge de vie en collectivité. Et c’est ce qui les fatigue. Donc si vous pouvez récupérer votre enfant de bonne heure, cela a du sens, mais la plupart des enfants sont à l’école du matin au soir.
Une erreur est d’avoir voulu réformer l’école maternelle et l’école élémentaire en même temps. Le rythme d’un enfant de 3 ans n’est pas le même que celui d’un enfant de 10 ans. Or ils sont tenus d’avoir le même emploi du temps ! Aujourd’hui, sur les écoles maternelles, le taux d’absentéisme du mercredi matin commence à être très important.
Vous demandez l’abrogation du décret sur la réforme des rythmes scolaires. Que préconisez-vous pour le remplacer ?
Nous voulons l’arrêt du décret, mais nous voulons surtout participer à la construction d’une vraieréforme de l’école. Parce que cette réforme s’est faite sans concertation. Et vous ne pouvez pas imposer une réforme à un enseignant ! C’est à eux d’abord qu’il faut demander ce dont ils ont besoin . La plupart vous diront qu’à priori c’est limiter le nombre d’enfants par classe. Avec ça, déjà, vous améliorez la qualité de l’apprentissage, c’est sûr !
Ensuite, il y a les programmes, ultra chargés. Je sais que M Peillon tenait à les réformer, mais il a repoussé cela à 2015. C’est pourtant une priorité pour l’école.
Qu’attendez-vous de la manifestation organisée ce 15 mars à Paris ?
Nous attendons beaucoup de monde ! Et nous attendons surtout d’être entendus, que ça aboutisse au moins à une concertation. Nous n’avons jamais eu de retour du ministre ou de son entourage suite à nos actions, le débat est toujours resté local.
Si ces attentes ne sont pas satisfaites, de nouvelles actions sont-elles à prévoir ?
Dans l’immédiat, pas forcément, mais comme nous sommes toujours en veille, quelque chose sera forcément remis en place derrière ! Nous avons d’autres idées pour nous faire entendre. Et quand la réforme des rythmes sera appliquée partout, en septembre prochain, et que les communes rencontrerons les mêmes problèmes que nous, toujours d’actualité, nous serons encore plus nombreux !
Que répondez-vous à Paul Raoult, président de la FCPE, pour qui vous utilisez les discours sur les rythmes à des fins politiciennes ?
Cela prouve que notre mouvement impressionne et fait peur ! Evidemment ces propos sont faux. Nous revendiquons justement de ne pas avoir de couleur politique. Nous sommes libres de dire ce que nous pensons et la façon dont nous voulons faire les choses. Ce monsieur, lui, est entravé dans ses propos. Il prend parti, au détriment de la conscience, de la responsabilité, du bon sens ! Ce n’est pas parce que l’on ne partage pas les mêmes idées que nous sommes de l’opposition ou que nous sommes des extrémistes !
C’est bien sûr l’intérêt des enfants qui nous intéresse. La façon dont les Gilets Jaunes ont été mis en place prouve bien cela. Nous sommes des parents impliqués dans l’école, qui ont l’espoir de se dire qu’ils vont pouvoir agir.
Propos recueillis par Elsa Doladille
solidaire en tous pointsSignaler un abus
Tout le monde ne peut pas se déplacer. Demander aux gens d accrocher un gilet jaune à leur balcon….Signaler un abus