Un professeur de STI2D au lycée Antonin-Artaud de Marseille s’est suicidé dimanche, accusant dans une lettre explicative l’évolution du métier d’enseignant, et mettant en cause la responsabilité de l’Education nationale.
L’évolution du métier d’enseignant « plus acceptable en conscience »
Dans ce courrier, diffusé à ses collègues et proches, dont France 3 dévoile des extraits, l’enseignant de 55 ans fait « part de [sa] décision de ne pas faire la rentrée scolaire 2013 ». « En effet, le métier tel qu’il est devenu au moins dans ma spécialité ne m’est plus acceptable en conscience. », explique-t-il.
Il déplore notamment la baisse du niveau des élèves, qu’il a vu dégringoler au cours de sa carrière. « Autrefois on savait parler et écrire un français très convenable après 5 ans d’étude primaire. Aujourd’hui les élèves bacheliers maîtrisent mal la langue, ne savent plus estimer des chiffres après 12 ans d’études », dénonce-t-il. « La réponse de l’institution est : ‘oui mais les élèves savent faire d’autres choses’. Je suis bien placé dans ma spécialité pour savoir que cela n’est pas vrai ! »
L’Education nationale mise en cause
L’enseignant souligne dans sa lettre les manquements de l’Education nationale, dont « la la responsabilité […] est écrasante. Qui osera le dire ? » s’interroge-t-il. Il cite notamment la mise en place, en 2011, de la réforme de Luc Chatel, « faite à la hussarde dans un état d’affolement que l’inspection a du mal à dissimuler ». « Entre-temps le gouvernement a changé sans que les objectifs soient infléchis le moins du monde ou qu’un moratoire soit décidé, ne serait-ce qu’à cause du coût astronomique de cette réforme », déplore-t-il. « J’aurais pu m’immoler par le feu au milieu de la cour le jour de la rentrée des élèves, cela aurait eu plus d’allure mais je ne suis pas assez vertueux pour cela », écrit-il, faisant référence au suicide, il y a 2 ans, de Lise Bonnafous, enseignante de mathématiques qui s’était aspergée d’essence avant de s’immoler dans la cour de son lycée de Béziers.
Lundi, Vincent Peillon a exprimé sa « très vive émotion » face à ce drame. Cela rappelle « que les professeurs accomplissent une mission essentielle, dans des conditions parfois difficiles », écrit-il dans un communiqué. « Il est plus que jamais impératif pour la Nation de redonner aux enseignants et aux personnels de l’éducation nationale toute la considération et le soutien qu’ils méritent ».
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