Le Snalc, deuxième syndicat du secondaire, a présenté ce matin à la presse un projet de collège « modulaire ».
Afin de tenir compte des lacunes de certains élèves (selon Vincent Peillon, entre 15 et 25% des élèves sont en difficulté à l’entrée du collège), le Syndicat national des lycées et collèges, qui se dit apolitique et surtout « pragmatique », souhaite faire du collège unique un collège « moins uniforme ».
Le syndicat propose de conserver une classe de 6ème commune à tous les élèves, à l’issue de laquelle les élèves seraient répartis entre deux groupes, sur avis de l’équipe pédagogique. Un groupe dit « fondamental » rassemblerait les élèves qui ne maîtrisent pas encore les fondamentaux, en particulier en français et mathématiques. Un autre groupe dit « d’approfondissement » rassemblerait les élèves plus performants. Le président national du Snalc, François Portzer, y voit une réponse « concrète » et « à coûts constants » aux difficultés rencontrées par les enseignants, sans perdre de vue la réussite des élèves.
Les élèves plus faibles prioritaires pour les filières professionnelles
Les programmes de certaines matières seraient aménagés de manière que les élèves du groupe plus faible acquièrent le « niveau socle » (maîtrise du socle commun de connaissances) en trois ans, de la 5ème à la 3ème, tandis que le groupe plus avancé devrait maîtriser le socle à la fin de la 4ème, et consacrerait l’année de 3ème à un approfondissement qui faciliterait l’entrée en lycée.
Il ne s’agirait pas de filières différentes : les élèves des deux niveaux resteraient mélangés dans les classes. Ils ne seraient réunis en petits groupes que pour les cours de français, de mathématiques et de langue vivante 1. Contrairement à l’histoire-géographie par exemple, ces matières reposent sur une « logique accumulative » qui impose de maîtriser les bases pour progresser. L’affectation dans l’un ou l’autre groupe ne serait pas définitive et des élèves pourraient changer de groupe en cours d’année en fonction de leurs progrès.
Les élèves du groupe « fondamental » seraient à la fin de leur 3ème prioritaires sur un choix d’orientation professionnelle. S’ils souhaitaient poursuivre en voie générale ou technologique, ils devraient par contre refaire une année de troisième, dans le groupe d’approfondissement cette fois. « On ne ferme pas la porte de la voie générale, on prend juste le temps de renforcer les fondamentaux », souligne Jean-Rémi Girard, secrétaire national à la pédagogie. Afin de garantir cette maîtrise des fondamentaux, les groupes plus faibles ne dépasseraient pas 20 élèves.
Le collège actuel, « une machine à fabriquer des illusions »
Pour François Portzer, le projet du Snalc correspond aux attentes du ministre de l’Education nationale, qui sont les suivantes : « ne pas revenir sur le collège unique », « une meilleure liaison primaire-secondaire« , et enfin « des solutions pour les élèves en difficultés ».
Albert-Jean Mougin, vice-président du syndicat, voit dans le collège actuel « une machine à fabriquer des illusions » : « On demande à tous les élèves la même chose au même moment pour aboutir au même résultat ». Mais cet objectif n’est pas réaliste, puisque les élèves ne démarrent pas avec les mêmes acquis et que le niveau est hétérogène.
« C’est pourquoi il y a des voies cachées, par le biais des options, qui servent à la constitution des classes », comme les filières européennes, rappelle Jean-Rémi Girard. « Aujourd’hui, les élèves savent très bien s’ils sont dans une classe poubelle ou une classe de forts« , affirme le secrétaire national à la pédagogie. Le projet du syndicat ne vise pas à encourager cette « ségrégation » : un groupe pour les élèves en difficulté, « ce n’est pas une classe plus faible, c’est une classe adaptée [à la réussite de l’élève] ».
Le Snalc soumettra dès cette après-midi son projet de collège modulaire à la DGESCO
Proposition choquante et ségrégative qui va à l’encontre de tous les résultats de la recherche !
Lire par exemple cette note de synthèse sur le sujet : « Classes homogènes versus classes hétérogènes :les apports de la recherche à l’analyse de la problématique » http://ife.ens-lyon.fr/publications/edition-electronique/revue-francaise-de-pedagogie/INRP_RF148_12.pdf
Pour info cette question de faire ou non des classes de niveau date des années 20 et son inefficacité est prouvée par la recherche depuis très longtemps… et si on avançait au lieu de proposer de reculer ?Signaler un abus
En réponse à Séphanie. Ce qui me paraît choquant c’est de prendre des élèves qui ont des graves lacunes en sixième et de n’avoir (presque) aucun dispositif pour y remédier et que cela dure 4 ou 5 ans. Alors critiquer ok, donner des idées c’est encore mieux.Signaler un abus
Très bonne idée du SNALC. Les bons élèves pourront enfin s’exprimer et développer leur compétences au lieu d’apprendre à ne rien faire et à attendre d’aller au lycée où ils mettront une année de seconde à réa-apprendre à travailler.
Pourvu que la DGESCO écoute et entende.Signaler un abus
En réponse à Nix :
Des idées on en a voir ici : http://www.se-unsa.org/spip.php?rubrique678 et on continue d’en construire et d’en proposer dans le cadre de la refondation…Signaler un abus
Voilà une très bonne idée. Acquérir le programme selon un rythme adapté, en groupe de niveau me paraît excellent. On pourrait même concevoir l’acquisition du programme selon des unités de valeurs comme à la fac pour progresser selon ses capacités.Signaler un abus
Tout à fait d’accord avec Stéphanie … au fait, déjà dès le début de l’article, il y a une erreur, car c’est pas le 2ème syndicat …Signaler un abus
Bonne idée. Bien sûr, nos très chers collègues du SNALC seront prioritairement désignés pour enseigner aux élèves du groupe fondamental.
Les collègues de Maths, Français et Langues vivantes vont vraiment mal… (impression confirmée sur le terrain et par la lecture de ce projet de collège modulaire).Signaler un abus
Je suis prof, en collège, et la soi-disant impression sur le terrain… curieusement mes collègues et moi préférerions enseigner à des élèves entre lesquels le niveau ne fait pas le grand écart ! Quand je vois des élèves qui mettent 10 minutes pour faire un travail alors que d’autres en mettent 35 avec de l’aide du prof, tout le monde y perd. Les élèves rapides s’ennuient en classe et on ne peut passer le temps nécessaire pour les plus lents. Bref, une très bonne idée pour moi !Signaler un abus
@Stéphanie, le doc cité dit aussi tout et son contraire :
» à l’intérieur de classes fondamentalement hétérogènes, il est en effet stimulant de créer, à certains moments, des groupes plus homogènes qui permettent de s’adapter aux besoins et aux rythmes de différentes catégories d’élèves. »
L’article ne détaille pas selon les matières et on peut supposer sans trop s’avancer que les classes de niveau sont plus efficaces et logiques en langues, par exemple. Et si vraiment les classes hétérogènes sont moins pénalisantes pour les « faibles », comme il est expliqué, je recommande des classes super-hétérogènes, qui mélangeraient les élèves de 6e avec ceux de 3e pour un maximum d’efficacité pédagogique !
Quant aux propositions de réforme que j’ai parcourues, avant les grands concepts théoriques, on pourrait d’abord faire des choses simples et concrètes : refaire de la musique en musique (flûte, percussions), refaire du dessin en arts plastiques (certains profs osent dire que ce n’est plus au programme), veiller à ce que les profs aient un langage plus châtié que celui de leurs élèves plutôt que de les imiter pour faire copain… , cesser l’étonnante tolérance au bruit dans les classes, accepter que les profs virent les pénibles de leur cours, organiser une forme de retour d’information élèves-parents-profs, une sorte d’évaluation des profs par leurs élèves et leurs parents, sous forme synthétique bien sûr pour éviter les délires, car rappelons que si on choisit son coiffeur ou son toubib, on ne choisit pas ses profs. Du coup, on peut en avoir un qui ne fait que le tiers du programme et dit que si on tombe sur un sujet non traité, il suffit de choisir l’autre ! (J’exagère ? Si peu…Signaler un abus