Paul-Henri Giraud, professeur en études hispaniques contemporaines à l’Université Lille 3, membre du jury du CAPES d’Espagnol, réagit sur le Blog du Monde, aux « dossiers de préfiguration des Espé » que viennent de recevoir l’ensemble des universités françaises.
Le professeur s’alarme du fait que « la formation disciplinaire des étudiants de Master se destinant à l’enseignement secondaire est tout bonnement divisée par deux ». Ainsi dans les « Masters Enseignement », « la pédagogie occupera désormais, sous forme pratique ou théorique, les deux tiers de la formation au ‘métier’ d’enseignant ».
0/20 en histoire au CAPES d’histoire pour être reçu
Il déplore également le fait que dans le nouveau CAPES, « la part disciplinaire [soit] réduite à un sixième de la note globale d’admission ». Avec ce nouveau concours, « un candidat qui obtiendrait 0/20 dans sa matière de spécialité pourrait parfaitement devenir professeur d’anglais, de philosophie, de mathématique ou d’histoire ». Il conclut de façon abrupte : « les futurs enseignants seront, il faut le craindre, des ignares dociles ».
La CDIUFM vient de son côté de publier un communiqué où elle s’alarme également des derniers éléments transmis par le gouvernement concernant la réforme des Espé. Si les universitaires dénoncent le manque de contenu disciplinaire de la future formation et des futurs concours enseignants, la CDIUFM, elle, pointe la faiblesse de la formation professionnelle. « A l’heure où sont rédigées les futures maquettes de formation, c’est un replâtrage centré sur les enseignements disciplinaires teintés d’un peu de professionnalité qui apparaît fréquemment ». Et de conclure : « nous sommes très loin des ambitions annoncées en matière de professionnalisation ».
L’urgence est la mise en place d’une réelle formation de formateurs au métier d’enseignant. Si on admet désormais que l’enseignement suppose une formation, comment continuer à prétendre que la formation ne supposerait aucun enseignement ? Il faut (re)former les formateurs, voilà l’axe d’une véritable refondation de la formation enseignante. Tout le reste n’est que polémique stérile et improductive.Signaler un abus
Il est judicieux de former les enseignants du second degré prioritairement, et enfin, en pédagogie à l’instar de ceux du premier degré depuis toujours. Rien ne sert d’être un puits de connaissances si on a aucune appétence ni technique à les transmettre, ce qui malheureusement est bien souvent le cas. Enseigner est un métier; pas accumuler des savoirs. Et c’est d’autant plus délicat quand il s’agit de préadolescents ou d’adolescents si difficiles à motiver ou canaliser …Signaler un abus