Dans une motion votée à l’unanimité le 5 mars dernier, les enseignants et enseignants-chercheurs de l’UFR de Langues et Cultures étrangères de l’Université de Picardie Jules Verne (Amiens), dénoncent la maquette du futur CAPES.
Cette maquette générique, pour eux, « acte la quasi-disparition de la partie disciplinaire de la formation des futurs enseignants ». L’ensemble des professeurs de l’UFR s’insurge contre le fait qu' »un concours d’aptitude au métier de professeur de langue vivante […] ne prévoit qu’une épreuve sur quatre portant sur les compétences disciplinaires », cette épreuve « ne représentant qu’1/6e de la note d’admission ».
Ce nouveau concours enseignant devrait entrer en vigueur en 2014.
En attendant, cette maquette suscite l’ire des enseignants, et toutes les disciplines sont inquiètes. Peu après la publication de la maquette, en janvier, les historiens Christian Delacroix, François Dosse et Patrick Garcia par exemple dénonçaient, dans leur lettre ouverte à Vincent Peillon et à Geneviève Fioraso, « le parti-pris fiévreux du « professionnel » d’abord » qui caractériserait les futurs CAPES d’histoire-géographie.
Que penser en effet d’une si faible présence disciplinaire dans un concours d’enseignant du second degré ? Ira-t-on jusqu’à dire, comme la Société des Agrégés, que la réforme de la formation des enseignants et celle des concours conduiront à former « un ‘candidat professionnel« , non « un professeur » ?
Tous ces « Professeurs » ont-ils si peu confiance en les diplômes de Licence et Maitrise qu’ils ont accordés à leurs étudiants pour ne pas leur accorder une « compétence disciplinaire » ?
Un Professeur honoraire des UniversitéSignaler un abus
L’idée de placer plus de pédagogie et moins de disciplinaire dans le nouveau CAPES me semble une avancée notable. En effet, un professeur doit d’abord aimer et savoir enseigner et non pas aimer les maths, le français, l’histoire-géo etc. Trop souvent les enseignants sont rapidement déçus par leur métier car ils n’ont pas l’occasion d’approfondir suffisamment leur discipline. Or telle n’est pas leur mission qui touche plutôt à l’apprentissage des élèves, à leurs progrès. Cela demande des connaissances disciplinaires bien sûr mais surtout des savoirs issus des sciences de l’éducation, de la psychologie cognitive etc. Cette orientation pédagogique du CAPES est un nouvel éclairage sur le métier de prof que l’Université accepte mal, et pourtant au quotidien ne s’agit-il pas d’abord pour tout enseignant de régler des problèmes de motivation des élèves, de différences de niveaux dans une même classe, de compréhension des obstacles individuels freinant les apprentissages etc. ?Signaler un abus
Les étudiants passent une licence et un master centrés sur leur discipline, le Capes n’a pas à valider une seconde fois ce que les profs des facultés ont déjà évalué.Signaler un abus
Malheureusement la qualité des diplômes (Licence-Mastère) est devenue tellement médiocre… Surtout en sciences… alors autant les former sur le tas, au moins on peut espérer qu’ils apprendront quelque chose d’utile.Signaler un abus
Tout le monde ne semble pas s’en souvenir, mais depuis des années maintenant il est possible de se présenter au CAPES avec un diplôme sans rapport avec la spécialité du CAPES visé. On peut par exemple se présenter au CAPES de maths avec un diplôme d’informatique, d’arts plastiques, de gestion ou de n’importe quoi d’autre.
Dans ces conditions, il n’est pas totalement saugrenu de vérifier sérieusement, lors du concours, que les candidats maîtrisent bien la discipline qu’ils auront à enseigner pendant une quarantaine d’années à nos chères têtes brunes et blondes – puisque leur diplôme seul ne suffit pas à le garantir !Signaler un abus