Quels seront les changements si le projet de réforme sur l’évaluation des enseignants, voulu par le gouvernement, entre en vigueur ?
Le projet de décret du ministère a été repoussé au 1er janvier 2013. Il faut donc attendre d’en savoir plus avant de tirer des conclusions hâtives. A priori, nous abandonnerons le système de double notation actuel qui, une fois pas an, comporte une partie administrative déterminée par le chef d’établissement et une partie pédagogique notée par l’inspecteur. Ce système de notes est devenu anachronique, en plus d’être très infantilisant pour le notateur et le noté. Il s’agit désormais d’aller vers un système d’évaluation et non plus de notation, sur la base d’un entretien tous les trois ans. Deuxième grand changement : nous pourrons évaluer la manière de « servir » du fonctionnaire, c’est-à-dire son engagement, son investissement, son rayonnement et sa relation avec les élèves.
Comprenez-vous que le projet ministériel soit perçu comme une « provocation » par les syndicats enseignants ?
Ce qui est très surprenant, c’est cette frilosité au changement de la part d’intellectuels et de progressistes. Il n’y a pas de raison d’avoir peur ! Tout le monde s’accorde à dire qu’il faut changer de système de notation. Et selon le code de l’Education, le supérieur hiérarchique, en l’occurrence le chef d’établissement, a déjà autorité sur le personnel.
Un proviseur de lycée ou un principal de collège dispose-t-il d’une formation suffisante pour évaluer correctement un enseignant ?
Il dispose des outils nécessaires pour évaluer la manière de servir. Nous souhaitons toutefois une grille d’évaluation précise qui permette de mener objectivement un entretien. Il faut que tout soit transparent, avec des données connues de tous. Le principe du contradictoire doit aussi être respecté : s’il le souhaite, un enseignant doit pouvoir être évalué par quelqu’un d’autre. Quant à la dimension didactique, elle continuera d’être du ressort de l’enseignant car je ne vois pas comment les chefs d’établissement pourraient être compétents dans la haute technicité des matières enseignées. Sans compter que si nous devions aller dans les classes pour apprécier la pédagogie de l’enseignant, ce serait très chronophage.
N’existe-t-il pas un risque de clientélisme dans ce système d’évaluation dont l’évolution des salaires dépendrait en partie ?
Le risque de clientélisme serait bien plus important si les chefs d’établissement recrutaient eux-mêmes les enseignants, comme le souhaite l’UMP. Il ne faut pas que les enseignants se trompent : s’il n’y a pas une refonte du système, l’évaluation sera sousterraine et ce seront les élèves ainsi que les parents d’élèves qui la feront, ce qui serait beaucoup plus dangereux ! Il faut des garde-fous mais ne pas rejeter le principe du changement.
Cela ne risque-t-il pas non plus d’accroître un peu plus les différences entre les établissements ?
Est-ce qu’il y a aujourd’hui les bons et les mauvais profs ? Oui. De bons et de mauvais établissements ? Oui. Les syndicats enseignants ont raison d’être vigilants pour qu’un système équitable se mette en place, mais il ne faut pas garder l’ancien système sinon l’évaluation ce sera le recrutement des enseignants.
Ne serait-il pas plus juste d’évaluer l’équipe pédagogique ?
La question est surtout de savoir s’il faut ou non connecter l’évolution des rémunérations sur l’évaluation. Je pense qu’il faut une gratification, sans lien direct entre l’évaluation et la rémunération des enseignants. Il pourrait très bien y avoir un mécanisme de bonification, non automatique. Le SNPDEN a par ailleurs rencontré des collègues finlandais, dont le système est souvent cité en exemple : eux aussi évaluent tous les ans, pendant deux heures, chaque professeur. Et puis il n’y a pas d’autonomie sans évaluation. L’autre élément intéressant du projet repose sur le concept d’auto-évaluation de l’enseignant. C’est une bonne chose qui pourra servir de base à l’entretien d’évaluation. Il n’y a rien de scandaleux à ce qu’on cherche à mesurer la valeur ajoutée d’un établissement plutôt que sa performance.
Charles Centofanti
Le refrain : les profs ne veulent pas changer.
En fait les profs ne veulent pas de la soupe qu’on leur sert, c’est tout simple.
Quelle est l’enquête qui a demandé aux prof comment ils voyaient leur notation ? S’il devait y avoir une notation ? Si la notation concernanit l’individu, l’équipe ou l’école, le collège, le lycée ?
Quand on fera les choses sérieusement on verra les profs bouger !Signaler un abus
Si ce système se met en place il faut AU MINIMUM mettre en place un RÉFÉRENTIEL DES TÂCHES qui définisse sans ambiguité :
– qui est le donneur d’ordre (Ministère via l’Inspection générale, Rectorat via les Inspecteurs Pédagogiques Régionaux ou bien le Lycée via le Proviseur)
– si la tâche est reconnue (et sous quelle forme) ou bénévole (si si il en est de de plus en plus souvent)Signaler un abus
Évaluer un enseignant dans connaître la dimension disciplinaire et la didactique, la belle affaire ! Dans ce cas, tout le monde peut « évaluer » n’importe qui et n’importe quoi. Et n’oublions pas que cela n’est qu’une première étape vers le recrutement par le chef d’établissement, raison de plus pour refuser cette « réforme ». Grève le 31/01.Signaler un abus
Rien de ce qui est le plus mauvais du système anglo-saxon ne sera épargné aux français. Monsieur, vous êtes d’une naïveté ou d’une ignorance ou d’une mauvaise foi affligeante.Signaler un abus
pour la féderation des parents d’élève FCPE de l’Ain, la notation des professeurs par le principal ou le proviseur, est le signe de la privatisation de l’Ecole Publique. L’équilibre des forces dans les Conseils d’administration des collèges et lycées penchera désormais du coté de l’administration. La voix des parents va disparaitre du seul endroit où la voix de tous pouvait s’exprimer. Il n’y a qu’ à voir les multiples refus de DHG des années passées. A partir de maintenant le silence. Et bientôt les prochains collèges Molex ou Continental. Mais là qui gérera cette faillite annoncée ?Signaler un abus
– Les Proviseurs devraient obligatoirement être aussi des enseignants capables d’effectuer des remplacement dans une discipline en cas de besoin. Dans le cas contraire ils n’ont aucune légitimité pour parler d’optimisation des moyen ou d’intérêt supérieur des élèves.
– Les Proviseurs ne devraient pas pouvoir exercer cette fonction unique jusqu’à la fin de leur carrière. Il faut encourager les aller-retours entre l’enseignement et l’administration, prévoir des décharges avec des quotités variables etc. C’est la seule façon pour dépasser la méfiance réciproque entre administratifs et enseignants. Notez que cela fonctionne un peu comme cela dans l’enseignement supérieur.Signaler un abus
Et les chefs d’établissements, QUI les évalue ? On ne pose que rarement la vraie question : les chefs d’établissements sont-ils A LA HAUTEUR ? Pour un responsable digne, humain et clairvoyant, combien de médiocres sans politique ni projet ?Signaler un abus
Une double évaluation exhaustive par deux instances distinctes, dont une partie annuelle, c’est « anachronique » par rapport à une évaluation trisannuelle par une seule instance, sans plus aucune évaluation propre à la partie disciplinaire ?!! Le distinguo « notation »/« évaluation » est jésuitique (et appartient d’ailleurs au discours pédagogiste dominant depuis vingt ans) : il y aura toujours des professeurs bien évalués et d’autres moins bien évalués. Bref, beaucoup d’hypocrisie dans ce doux euphémisme… Les notions bien floues d' »engagement », d' »investissement » ou de « rayonnement » (évalue-t-on le « rayonnement » avec un compter Geiger ?) font partie depuis longtemps des critères d’appréciation du chef d’établissement, qui, on peut le remarquer, évalue 40% sans nul besoin d’aucun entretien. En toute objectivité scientifique, donc, ce qui promet pour la suite… Les termes d’ « engagement » ou d’« investissement » peuvent aussi se traduire par docilité et soumission : un professeur qui accepte les heures supplémentaires, les remplacements à l’improviste, les élèves en surnombre, les tâches supplémentaires qu’on lui impose etc. pourra être considéré comme « investi et engagé ».
Sans doute que le système actuel marcherait parfaitement si les inspecteurs avaient les moyens d’inspecter. Mais comment se fait-il que ce ne soit plus le cas ? Soyons paranoïaques : pour préparer ce changement devenu inéluctable, bien sûr !
laviemoderne.netSignaler un abus
« Et selon le code de l’Education, le supérieur hiérarchique, en l’occurrence le chef d’établissement, a déjà autorité sur le personnel. »
Le problème n’est-il pas déjà là ?
J’en profite pour signaler cet appel à contributions (la plupart des thèmes proposés concernent l’ensemble de la profession) :
http://www.aplv-languesmodernes.org/spip.php?article4247Signaler un abus
Très intéressant cette notion de « servir »! A la lecture de ce texte il semble que l’enseignant ne soit jamais évalué sur sa pédagogie, mais sur son « investissement » (?) et son « rayonnement ». Je suis curieux de voir cette « grille » qui permettrait de mener « objectivement » ces entretiens. Changer l’Ecole, oui, en faire n’importe quoi, non!Signaler un abus
Quelle triste conception que celle du snpden !
ainsi sur cette question clé de l’évaluation, les postions du PS et de l’UMP sont les mêmes… comme sur tant d’autres choses, hélas!Signaler un abus
Nul ne s’oppose au changement si celui ci doit apporter un mieux être.
En quoi le projet d’évaluation des enseignants par le seul chef d’établissement apporterait il un mieux être aux enseignants ?
Leur raison d’être fondée sur les connaissances disciplinaires, la raison didactique et la raison pédagogique ne pourraient pas être prise en compte dans le futur projet d’évaluation. En cela elle constituerait un « moins être », au moins relativement aux connaissances et à leur « assimilation » et à la didactique. Ainsi les enseignants avec certaines de leurs organisations professionnelles et / ou syndicales s’opposent à une moindre considération de leur raison d’être. Personne ne peut ni le leur en vouloir, ni le leur reprocher. C’est aussi pourquoi des chefs d’établissement émettent des réserves importantes et des parents d’élèves s’inquiètent de ce qu’ils considèrent comme une rupture culturelle. Quiconque demande un tel changement de l’évaluation des enseignants ne se satisfait pas du rôle que ces derniers jouent et dans la transmission d’une culture universellement reconnue et dans les valeurs fondatrices de l’école. Ce brouillage de la réalité favorisant largement une certaine ambiguité fera aussi émerger progressivement des prises de conscience vigoureusement exprimées. A moins que le politique ne reconsidère son point de vue et redonne aux enseignants les rôles et les missions qu’ils n’auraient jamais du perdre dans l’école de la République.Signaler un abus
WTF ?? Depuis quand un proviseur est-il le supérieur « hiérarchique » d’un professeur ? Il faudrait pour cela qu’il soit « le plus ancien dans le grade le plus élevé » si l’on s’en tient au sens militaire (Cf Fayolle) dont on nous fait référence en arguant de « la manière de servir ». Or nombre de proviseurs n’ont pas atteint le grade d’agrégé. Et même s’ils le sont ils ont bien du mal à passer « hors classe », alors que nombre de professeurs ont atteint ce grade.
Cependant les proviseurs sont les responsables pédagogiques de leur établissement, contrairement à la croyance commune (parents d’élèves) qui prétend que la pédagogie est du domaine réservé de l’inspecteur pédagogique. Ce dernier n’agit qu’en tant que conseiller du proviseur, qui a le dernier mot, et supporte le risque de dysfonctionnement pédagogique.
Croyez vous que dans une entreprise (IRL comme disent les ados) les psychologues chargés des bilans de compétences et les DRH chargés des entretiens d’évaluation, soient des spécialistes de différentes disciplines de l’entreprise ? Leur rôle est de vérifier si les objectifs fixés ont été atteints. Si oui : augmentation, Si non : stagnation ; Si non plusieurs fois : la porte !! On est loin du doux cocon du titulaire à vie, qui est augmenté « à l’ancienneté » !!Signaler un abus
Quels objectifs doit on fixer à un professeur ? Son engagement, son investissement, son rayonnement, sa relation avec les élèves pourraient être vérifiés à l’applaudimètre des résultats obtenus par ses élèves présentant aux médias (parents, profs, édiles locaux,..) les TPE de l’année (travaux personnels encadrés). Cela aurait l’avantage de ne pas attendre l’obtention du fameux pourcentage de réussite au diplôme (totalement biaisé par l’écrémage ). Ce diplôme tant vanté par le CEREQ (service de l’Education nationale) n’est qu’une présomption des compétences attendues par les entreprises pour l’exercice d’un métier. Car, in fine, l’emploi des jeunes est la vraie mesure de l’efficacité de l’Education nationale (et de ses professeurs).
Si les proviseurs et principaux étaient recrutés en fonction de leurs compétences (et non nommés suite à la réussite d’un concours), ils pourraient choisir de recruter efficacement leurs équipes pédagogiques. Cela ne supprimerait pas les concours qui ne deviendraient qu’un élément (non indispensable ) du choix du postulant ayant répondu à une « petite annonce ».
Ainsi le proviseur ou principal pourrait disposer d’une autorité reconnue, qui pourrait lui permettre d’être élu à la présidence du conseil d’administration de son établissement. (MDR)Signaler un abus
Tout est scandaleux dans l’évaluation par les seuls chefs d’établissements des enseignants.
Depuis l’augmentation de la dépendance évaluative réduite à une seule personne représentant un seul versant de la fonction enseignante, jusqu’à l’élimination du coeur du métier ainsi que de son esprit. Ce repliement sur l’établissement et son chef doit être analysé en même temps que la suppression de la carte scolaire, la suppression d’un nombre important d’enseignants, l’augmentation du nombre d’élèves par enseignant, la suppression de la formation, la modification de la certification (master capes), la diminution des moyens, la modification de la « gouvernance » rectorale, la multiplication des parcours individualisés, la stagnation voire la diminution du pouvoir d’achat des personnels de l’éducation,l’insistance sur les dispositifs particuliers de lutte contre l’échec scolaire, le recrutement des enseignants par le chef d’établissement dans le dispositif « éclair »). . . tant de mesures qui aboutissent à un éparpillement de la force instituante et instructive de l’école républicaine.Signaler un abus
D’accord pour dire que le système existant est obsolète et sans effet. Egalement pour confirmer que les organisations syndicales n’ont guère proposé d’alternatives. Quant à justifier les nouvelles dispositions par la modernité, on demande à voir…Idem sur le concept de transparence absolue qu’aurait l’évaluation par le chef d’établissement: Guy Berger disait que la transparence totale était le propre des sytèmes dictatoriaux. A lire cette position du SNPDEN, bien superficielle sur les enjeux de l’évaluation et ses pratiques, je ne peux qu’exprimer de sérieuses réserves.Signaler un abus
Quand cessera enfin cette diarrhée de réformes toutes plus inutiles les unes que les autres que l’on veut insuffler au sein du système éducatif ? Qui a réclamé dans le corps enseignant le changement de mode d’évaluation ? Sauf exceptions, les IPR sont des personnes compétentes et efficaces, qui prodiguent des conseils utiles lors des inspections ; le chef d’établissement, quel que soit son engagement et sa bonne foi, aura à coeur le développement de la « valeur ajoutée » de son établissement : dans quelles conditions ? Avec quels moyens ? Tout ce discours autour de l’évaluation de l’enseignant suppose aussi qu’il ne fait déjà pas assez, ou pas assez bien : ce leitmotiv latent est insupportable et insultant. Mais hélas, rien d’étonnant à cela, dans la mesure où nous avons déjà entériné un système d’évaluations des élèves par compétences d’une stupidité et d’une étroitesse rares : empiler sans jamais croiser, cocher et additionner sans prendre du recul et synthétiser, dépecer le savoir en miettes pour « faciliter » et crétiniser.Signaler un abus
Il n’y a rien de scandaleux à l’évaluation du chef d’établisement par les profs !
S’il applique sans réfléchir le directives du ministère, on le vire…Signaler un abus