Pierre Bertrand

Pierre Bertrand

Selon vous, comment les mathématiques peuvent-elles aider le sportif de haut niveau ?

La plupart des sportifs sont aujourd’hui équipés de capteurs qui mesurent leurs paramètres physiologiques durant un match ou lors d’un entraînement. Ils nous indiquent les kilomètres parcourus par le joueur, son rythme cardiaque, sa fréquence de respiration… Au rugby par exemple, ces capteurs mesurent même la violence des chocs.

Grâce aux mathématiques, et principalement aux capteurs disposés à l’arrière des maillots, nous pouvons mesurer les paramètres de l’individu en temps réel. Des statisticiens analysent par la suite ces données permettant à l’équipe d’encadrement de détecter si un joueur est fatigué, s’il a des risques de blessures et ainsi améliorer sa performance. L’utilisation des maths est essentielle pour aider le sportif !

Peut-on aussi prédire la performance d’un joueur grâce aux mathématiques ?

Pour l’instant, c’est encore un domaine en développement. Mais il paraît évident que tôt ou tard les mathématiques donneront lieu à des capteurs qui pourront mesurer de plus larges données. Lors d’un séminaire, des statisticiens expliquaient justement que les premiers à avoir utilisé ces capteurs sont les Allemands durant la Coupe du monde de football 2014. Et l’on se rend compte qu’ils ont été champions du monde.

Pouvez-vous nous expliquer plus concrètement le rôle des maths dans le football ?

Comme cité précédemment, lors de la Coupe du monde 2014, il y a une équipe qui a méthodiquement utilisé des outils d’analyses statistiques pour préparer ses matchs et elle a été championne du monde. Je ne connais pas concrètement les méthodes qu’elle utilise car c’est un peu un secret industriel mais je sais que l’équipe d’Allemagne s’est préparée scientifiquement. Elle a, à la fois, analysé les capacités des joueurs et les équipes adversaires mais aussi changé ses stratégies par rapport aux données recueillies par les capteurs. Le rôle des mathématiques dans le football est fondamental pour espérer améliorer les performances des joueurs et connaître leur condition physique. Par exemple, grâce aux capteurs, l’entraîneur peut savoir quand son joueur est fatigué pour le faire sortir du match et donc éviter qu’il ne se blesse.

sportif haut niveau

© Valeriy Velikov – Fotolia.com

Quels autres sports pourraient bénéficier des mathématiques pour progresser ?

En plus du football, nous avons le rugby où l’on peut mesurer l’impact physique des joueurs mais aussi la course à pied et le vélo. Les cyclistes disposent en effet de capteurs qui mesurent leur rythme cardiaque et leur état de fraîcheur. D’autres sports comme l’équitation ou la voile peuvent aussi bénéficier des mathématiques pour progresser.

En revanche, pour la natation où les sportifs sont en contact avec l’eau ou les sports de combat comme la boxe, qui se pratique sans maillot, il est difficile de déposer des capteurs.

Même si les capteurs aident les sportifs à s’améliorer, est-ce que beaucoup d’entre eux les utilisent ?

C’est compliqué, il peut y avoir une certaine réticence. Plusieurs marathoniens n’ont, par exemple, pas voulu porter de capteurs au risque de les ralentir durant leur course. Cela varie en fonction des personnes et des sports. Toutefois, au football comme au rugby, un contrat oblige les sportifs à en porter.

Y-a-t-il d’autres outils à venir pour aider les sportifs à s’améliorer ?

Depuis une vingtaine d’années, il y a de gros progrès technologiques. C’est un domaine qui évolue énormément. Il y a eu, par exemple, la création des « T-shirt intelligents », composés de fils électriques, qui mesurent le rythme cardiaque des sportifs. Aujourd’hui, nous pouvons trouver des capteurs un peu partout : dans les t-shirts, dans les pantalons ou même dans les chaussures.

Article publié le 24 juin 2016, mis à jour le 9 octobre 2019